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La ville, couleurs de vies

Projet d'édition réalisé en 2014 d'après un texte de Guy Foissy:

 

Il s'en passe des choses dans ma cité

 

II s'en passe des choses dans ma cité. Il n'y a qu'à regarder. Moi, un jour, j'ai dit : « J'arrête, je regarde. »

J'ai posé par terre mes deux sacs. Je me suis assis. J'ai regardé.

Les gens venaient

Les gens marchaient

Les gens passaient

Les gens tournaient

Les gens filaient

Les gens glissaient

Les gens dansaient

Les gens parlaient

Gesticulaient

Les gens criaient

Les gens riaient

Les gens pleuraient

Disparaissaient.

Il s'en passe des choses dans ma cité. II n'y a qu'à regarder. On voit de tout, on peut tout voir. Mais ce qu'on ne voit jamais dans ma cité, c'est un regard.

Un regard qui vous regarde et qui s'attarde.

Les gens naissaient

Les gens vivaient

Les gens mouraient.

Et moi, je restais sur mon banc de pierre, encadré

par mes deux sacs. Je regardais.

C'est merveilleux : partout où il y a des femmes partout où il y a des hommes, partout il y a la vie.

J'aurais dû me lever. Leur tendre la main.

Leur dire : « Salut. Bonjour ! J'existe. Et vous ? Vous existez ? »

Je suis resté assis.

Le plus souvent, c'est ainsi que les choses se passent.

© 2016 par Mathilde Villerot. Créé avec Wix.com

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